En novembre 2007, le quatrième épisode de la série Call of Duty (CoD) ose un changement radical, délaissant la surexploitée Seconde Guerre Mondiale pour un conflit moderne et fictif où des terroristes russes et du Moyen-Orient ont remplacé les nazis des plages normandes. Campagne solo spectaculaire, mode multijoueurs riche et bien pensé : très vite, le titre s'impose comme l'une des plus grandes réussite de ces dernières années, avec plus de 12 millions d'exemplaires écoulés à travers le monde.
Suite directe du quatrième opus sous-titré Modern Warfare, ce nouveau CoD figure parmi les blockbusters de cette fin d'année 2009, et partout dans le monde, ses ventes sont déjà phénoménales. Mais ce Modern Warfare 2 arrive-t-il à se hisser au niveau de son aîné, voire à la surpasser ? Comme nous allons le voir tout de suite, si le studio américain Infinity Ward nous livre à nouveau à une campagne solo d'une grande qualité et un mode online fourni et solide, il faut bien avouer que le titre n'est pas exempt de défauts, au point peut-être d'en décevoir certains.
Cinq ans se sont écoulés depuis les événements de CoD4, et si l'ancien chef terroriste russe Imran Zakhaev a été assassiné, ses idées, elles, se font encore bien présentes. Car son ancien bras-droit Makarov a pris la relève, et le conflit qui oppose le pays aux Etats-Unis fait de nouveau rage. Dans le peau de plusieurs soldats en alternance et sur des fronts différents, votre principal objectif sera d'éliminer ce fou prêt à tout pour arriver à ses fins.
Très clairement, CoD4 n'était pas un coup de chance. Missions variées, superbe réalisation, mise en scène d'une intensité sans égale et rythme effréné : les gars d'Infinity Ward savent y faire, c'est une certitude. De bout en bout, il est difficile de lâcher la manette, et la fin de l'aventure, magistrale, vient renforcer cette sensation de trip ambiante. Cela dit, terminer MW2 ne prendra pas très longtemps, puisqu'il faut environ six heures pour en venir à bout... Même si, comme l'a souligné le studio Infinity Ward récemment, peut-être que seule une brève durée de vie va de pair avec un rythme endiablé.
Autant être clair, cette campagne solo ne manque pas de défauts. Ainsi, les événements s'enchaînent sans que l'on y comprenne grand-chose, et les rebondissements, quoique de taille, paraissent parfois peu surprenants. Plus globalement, je reproche à MW2 de proposer une aventure qui, malgré sa grande qualité, ne fait que reprendre la formule du premier Modern Warfare en n'y apportant que de maigres innovations. Un exemple ? Après l'excellent niveau de Tchernobyl de CoD4 (où, armé d'un sniper et accompagné d'un vétéran, il fallait éviter les patrouilles ennemies extrêmement nombreuses), cet opus nous ressert à plusieurs reprises le même type de situation, mais jamais avec la même intensité... De plus, quelques ficelles scénaristiques telles que les scènes d'agonie sont de nouveau présentes.
Mais le solo ne dure qu'un temps, et pour captiver sur la longueur, le multi ne manque pas d'importance. Malheureusement, MW2 se révèle relativement décevant par rapport à son aîné en ligne également. Car si les maps sont globalement réussies et très différentes les unes des autres (visuellement comme en termes de level design), les armes agréables, le contenu conséquent (il existe de nombreux modes de jeu et bonus) et les options nombreuses (avec un système de progression qui s'étend cette fois-ci au niveau 70), bref, que l'on est loin du ratage du cinquième opus développé par le médiocre studio Treyarch, World at War... sur quasiment tous les points, CoD4 s'impose par ses déplacements plus légers et fluides, ses maps et ses armes exceptionnelles.
Enfin, signalons la présence d'un nouveau mode intitulé Spec Ops (Opérations Spéciales), qui permet de goûter, seul ou à plusieurs et en ligne comme sur le même écran, à quelques missions sympathiques où le challenge prime. Un bon moyen de compenser l'absence de mode coopération concernant la campagne principale.
Plus globalement, Modern Warfare 2 pose la question du rapport Activision/Infinity Ward et de l'avenir de la franchise. Car si cet opus ne constitue pas une déception en termes de qualité, il paraît évident que la licence se doit d'évoluer pour se renouveler. Et si l'on comprend la décision commerciale derrière ce manque d'innovation, avec un nouveau CoD sur les mêmes bases, on frôlerait l'overdose. Un peu comme quand, après CoD1 et 2, le développeur a dû batailler ferme auprès d'Activision pour bousculer les fondements de sa série phare...